mesure qu’on grandit. Je vais trouver votre maman pour lui dire que demain, de grand matin, faut que j’aille au marché pour le bourri. Au revoir, monsieur et mademoiselle. »
Et Lambert sortit, laissant les enfants contrariés de ne pas avoir leur âne.
« Nous l’attendrons peut-être longtemps ! » dirent-ils en soupirant.
La matinée du lendemain se passa à attendre l’âne. Mme de Réan avait beau leur dire que c’est presque toujours comme cela, qu’il est impossible d’avoir tout ce qu’on désire et à la minute qu’on le désire, qu’il faut s’habituer à attendre et même quelquefois à ne jamais avoir ce dont on a bien envie ; les enfants répondaient : « C’est vrai », mais ils n’en soupiraient pas moins, ils regardaient avec la même impatience si Lambert revenait avec un âne. Enfin, Paul, qui était à la fenêtre, crut entendre au loin un hi han ! hi han ! qui ne pouvait venir que d’un âne.
« Sophie, Sophie, s’écria-t-il, écoute. Entends-tu un âne qui brait ? C’est peut-être Lambert.
Peut-être est-ce un âne du pays, ou un âne qui passe sur la route.
Oh ! maman, permettez-moi d’aller voir si c’est Lambert avec le bourri.
Le bourri ? qu’est-ce que c’est que cette manière