Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
LES MALHEURS DE SOPHIE.

lui faire sa litière, lui donner à manger, à boire. Sophie l’aidait et s’en tirait presque aussi bien que lui.

Mme de Réan leur avait acheté un bât et une jolie selle pour les faire monter à âne. Dans les premiers temps, la bonne les suivait ; mais, quand on vit l’âne doux comme un agneau, Mme de Réan leur permit d’aller seuls, pourvu qu’ils ne sortissent pas du parc.

Un jour, Sophie était montée sur l’âne : Paul le faisait avancer en lui donnant force coups de baguette. Sophie lui dit :

« Ne le bats pas, tu lui fais mal.

paul.

Mais, quand je ne le tape pas, il n’avance pas ; d’ailleurs ma baguette est si mince qu’elle ne peut pas lui faire grand mal.

sophie.

J’ai une idée ! Si, au lieu de le taper, je le piquais avec un éperon ?

paul.

Voilà une drôle d’idée. D’abord tu n’as pas d’éperon ; ensuite la peau de l’âne est si dure qu’il ne sentirait pas l’éperon.

sophie.

C’est égal ; essayons toujours ; tant mieux si l’éperon ne lui fait pas de mal.

paul.

Mais je n’ai pas d’éperon à te donner.

sophie.

Nous en ferons un avec une grosse épingle que