« Si vous n’avouez pas la vérité, mademoiselle, j’irai la demander à Paul, qui ne ment jamais. »
Sophie éclata en sanglots, mais elle s’entêta à ne rien avouer. Mme de Réan alla chez sa sœur, Mme d’Aubert ; elle y trouva Paul, auquel elle demanda ce que voulait dire l’épingle du soulier de Sophie. Paul, croyant sa tante très fâchée et pensant que Sophie avait dit la vérité, répondit :
« C’était pour faire un éperon, ma tante.
Et pour quoi faire, un éperon ?
Pour faire galoper l’âne.
Ah ! je comprends pourquoi l’âne a rué et a jeté Sophie par terre. L’épingle piquait le pauvre animal, qui s’en est débarrassé comme il a pu. »
Mme de Réan sortit et revint trouver Sophie.
« Je sais tout, mademoiselle, dit-elle. Vous êtes une petite menteuse. Si vous m’aviez dit la vérité, je vous aurais un peu grondée, mais je ne vous aurais pas punie ; maintenant vous allez être un mois sans monter à âne, pour vous apprendre à mentir comme vous l’avez fait. »
Mme de Réan laissa Sophie pleurant. Quand Paul la revit, il ne put s’empêcher de lui dire :
« Je te l’avais bien dit, Sophie ! Si tu avais