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LES MALHEURS DE SOPHIE.

paul, d’un air moqueur.

Elle a surtout une jolie physionomie et un sourire gracieux !

sophie.

Laisse-nous tranquilles : tu te moques de tout.

paul, continuant.

Ce que j’aime en elle, c’est sa jolie tournure, sa marche légère.

sophie, se fâchant.

Tais-toi, te dis-je : je vais emporter ma tortue si tu te moques d’elle.

paul.

Emporte, emporte, je t’en prie : ce n’est pas son esprit que je regretterai. »

Sophie avait bien envie de se jeter sur Paul et de lui donner une tape : mais elle se souvint de sa promesse et de la menace de sa maman, et elle se contenta de lancer à Paul un regard furieux. Elle voulut prendre la tortue pour la porter sur l’herbe : mais elle était trop lourde, elle la laissa retomber. Paul, qui se repentait de l’avoir taquinée, accourut pour l’aider ; il lui donna l’idée de mettre la tortue dans un mouchoir et de la porter à deux, tenant chacun un bout du mouchoir. Sophie, que la chute de la tortue avait effrayée, consentit à se laisser aider par Paul.

Quand la tortue sentit l’herbe fraîche, elle sortit ses pattes, puis sa tête, et se mit à manger l’herbe. Sophie et Paul la regardaient avec étonnement.