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LES MALHEURS DE SOPHIE.

— Est-ce que vous croyez que le bain lui a fait du mal ? demanda Sophie.

le jardinier.

Certainement que oui, il lui a fait mal ; l’eau ne va pas aux tortues.

paul.

Croyez-vous qu’elle sera malade ?

le jardinier.

Malade, je n’en sais rien ; mais je crois bien qu’elle va mourir.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria Sophie.

paul, bas.

Ne t’effraie pas ; il ne sait ce qu’il dit. Il croit que les tortues sont comme les chats, qui n’aiment pas l’eau. »

Ils étaient revenus sur l’herbe ; le jardinier posa doucement la tortue et retourna à son potager. Les enfants la regardaient de temps en temps, mais elle restait immobile ; ni sa tête ni ses pattes ne se montraient. Sophie était inquiète ; Paul la rassurait.

« Il faut la laisser faire comme elle veut, dit-il ; demain elle mangera et se promènera. »

Ils la reportèrent vers le soir sur son lit de foin et lui mirent des salades fraîches. Le lendemain, quand ils allèrent la voir, les salades étaient entières ; la tortue n’y avait pas touché.

« C’est singulier, dit Sophie ; ordinairement elle mange tout dans la nuit.

— Portons-la sur l’herbe, répondit Paul ; elle n’aime peut-être pas la salade. »