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LES MALHEURS DE SOPHIE.

je vous assure que Sophie a raison et que nous serons très heureux en Amérique, si nous demeurons ensemble.

madame d’aubert.

Oui, mes chers enfants, vous avez deviné. Nous devons bien réellement aller en Amérique.

paul.

Et pourquoi donc, maman ?

madame d’aubert.

Parce qu’un de nos amis, M. Fichini, qui vivait en Amérique, vient de mourir : il n’avait pas de parents, il était très riche ; il nous a laissé toute sa fortune. Ton père et celui de Sophie sont obligés d’aller en Amérique pour avoir cette fortune ; ta tante et moi, nous ne voulons pas les laisser partir seuls, et pourtant nous sommes tristes de quitter nos parents, nos amis, nos terres.

sophie.

Mais ce ne sera pas pour toujours, n’est-ce pas ?

madame de réan.

Non, mais pour un an ou deux, peut-être.

sophie.

Eh bien, maman, il ne faut pas pleurer pour cela. Pensez donc que ma tante et Paul seront avec nous tout ce temps-là. Et puis, papa et mon oncle seront bien contents de ne plus être seuls.

Mme de Réan et Mme d’Aubert embrassèrent leurs enfants.

« Ils ont pourtant raison, ces enfants ! dit-elle