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LES MALHEURS DE SOPHIE

et elle enfonce jusqu’à mi-jambes. Elle crie ; un maçon accourt, l’enlève, la met par terre et lui dit :

« Enlevez vite vos souliers et vos bas, mam’zelle ; ils sont déjà tout brûlés ; si vous les gardez, la chaux va vous brûler les jambes. »

Sophie regarde ses jambes : malgré la chaux qui tenait encore, elle voit que ses souliers et ses bas sont noirs comme s’ils sortaient du feu. Elle crie plus fort, et d’autant plus qu’elle commence à sentir les picotements de la chaux, qui lui brûlait les jambes. La bonne n’était pas loin, heureusement ; elle accourt, voit sur-le-champ ce qui est arrivé, arrache les souliers et les bas de Sophie, lui essuie les pieds et les jambes avec son tablier, la prend dans ses bras et l’emporte à la maison. Au moment où Sophie était rapportée dans sa chambre, Mme de Réan rentrait pour payer le marchand de fleurs.

« Qu’y a-t-il donc ? demanda Mme de Réan avec inquiétude. T’es-tu fait mal ? Pourquoi es-tu nu-pieds ? »

Sophie, honteuse, ne répondait pas. La bonne raconta à la maman ce qui était arrivé, et comment Sophie avait manqué d’avoir les jambes brûlées par la chaux.

« Si je ne m’étais pas trouvée tout près de la cour et si je n’étais pas arrivée juste à temps, elle aurait eu les jambes dans le même état que mon tablier. Que madame voie comme il est brûlé par la chaux ; il est plein de trous. »