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Page:Ségur - Les Malheurs de Sophie.djvu/84

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LES MALHEURS DE SOPHIE.

morceaux de pain, elle en prit un, qu’elle cacha dans sa poche et qu’elle mangea pendant que sa maman ne la regardait pas.

Quand on arriva au dernier cheval, il n’y avait plus rien à lui donner. Le palefrenier assura qu’il avait mis dans le panier autant de morceaux qu’il y avait de chevaux. La maman lui fit voir qu’il en manquait un. Tout en parlant, elle regarda Sophie, qui, la bouche pleine, se dépêchait d’avaler la dernière bouchée du morceau qu’elle avait pris. Mais elle eut beau se dépêcher et avaler son pain sans même se donner le temps de le mâcher, la maman vit bien qu’elle mangeait et que c’était tout juste le morceau qui manquait ; le cheval attendait son pain et témoignait son impatience en grattant la terre du pied et en hennissant.

« Petite gourmande, dit Mme de Réan, pendant que je ne vous regarde pas, vous volez le pain de mes pauvres chevaux et vous me désobéissez, car vous savez combien de fois je vous ai défendu d’en manger. Allez dans votre chambre, mademoiselle ; vous ne viendrez plus avec moi donner à manger aux chevaux, et je ne vous enverrai pour votre dîner que du pain et de la soupe au pain, puisque vous l’aimez tant. »

Sophie baissa tristement la tête et alla à pas lents à la maison et dans sa chambre.

« Hé bien ! hé bien ! lui dit sa bonne, vous voilà encore avec un visage triste ? Êtes-vous encore en