Aller au contenu

Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

où étaient Camille, Madeleine et leur bonne, toutes trois pâles d’effroi, la voiture versa dans le fossé ; les chevaux furent entraînés dans la chute ; on entendit un cri perçant, un gémissement plaintif, puis plus rien.

Quelques instants se passèrent avant que la bonne fût assez revenue de sa frayeur pour songer à secourir cette malheureuse dame et cette pauvre enfant, qui probablement avaient été tuées par la violence de la chute. Aucun cri ne se faisait plus entendre. Et le malheureux postillon, écrasé par la voiture, ne fallait-il pas aussi lui porter secours ?

Enfin, elle se hasarda à s’approcher de la voiture culbutée dans le fossé. Camille et Madeleine la suivirent en tremblant.

Un des chevaux avait été tué ; un autre avait la cuisse cassée et faisait des efforts impuissants pour se relever ; le troisième, étourdi et effrayé de sa chute, était haletant et ne bougeait pas.

« Je vais essayer d’ouvrir la portière, dit la bonne ; mais n’approchez pas, mes petites : si les chevaux se relevaient, ils pourraient vous tuer. »

Elle ouvre, et voit la dame et l’enfant sans mouvement et couvertes de sang.

« Ah ! mon Dieu ! la pauvre dame et la petite fille sont mortes ou grièvement blessées. »

Camille et Madeleine pleuraient. Élisa, espérant encore que la mère et l’enfant n’étaient qu’éva-