Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/169

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comme on est malheureux d’être méchant ; nos petites, qui sont toujours sages, ne seront jamais punies que pour des fautes bien légères : aussi on les voit toujours gaies et contentes.

Sophie.

Oh oui ! je le vois bien ; mais c’est singulier : quand j’étais méchante et que ma belle-mère me punissait, je me sentais encore plus méchante après, je détestais ma belle-mère ; tandis que Mme de Fleurville, qui m’a punie, je l’aime au contraire plus qu’avant et j’ai envie d’être meilleure.

Élisa.

C’est que votre belle-mère vous punissait avec colère, et quelquefois par caprice, tandis que Mme de Fleurville vous punit par devoir et pour votre bien. Vous sentez cela malgré vous.

Sophie.

Oui, c’est bien cela, Élisa ; vous dites vrai. »

Sophie avait fini son repas ; Élisa emporta les restes, et Sophie se mit au travail ; elle fut longtemps à faire sa pénitence, parce qu’elle s’appliqua à très bien écrire ; quand elle eut fini, elle se mit à lire. Le jour commença bientôt à baisser ; Sophie posa son livre et eut le temps de réfléchir aux ennuis de la captivité, pendant la grande heure qui se passa avant qu’Élisa vînt la chercher pour la coucher. Marguerite dormait déjà profondément ; Sophie s’approcha de son lit et l’embrassa tout