Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/236

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loups, je n’ai pas peur, et, pour te le prouver, nous allons partir tout de suite.

Sophie.

À la bonne heure ! Partons vite ; nous serons de retour en moins d’une heure.

Et elles se mirent en route, ne prévoyant pas les dangers et les terreurs auxquels elles s’exposaient. Elles marchaient vite et en silence ; Marguerite ne se sentait pas la conscience bien à l’aise : elle comprenait qu’elle commettait une faute, et elle regrettait de n’avoir pas résisté à Sophie. Sophie n’était guère plus tranquille : les objections de Marguerite lui revenaient à la mémoire ; elle craignait de l’avoir entraînée à mal faire.

« Nous serons grondées », se dit-elle. Elle n’en continua pas moins à marcher et s’étonnait de ne pas être arrivée, depuis près d’une heure qu’elles étaient parties.

« Connais-tu bien le chemin ? demanda Marguerite avec un peu d’inquiétude.

— Certainement, la jardinière me l’a bien expliqué, répondit Sophie d’une voix assurée, malgré la peur qui commençait à la gagner.

— Serons-nous bientôt arrivées ?

— Dans dix minutes au plus tard. »

Elles continuèrent à marcher en silence ; la forêt n’avait pas de fin ; on n’apercevait ni maison ni village, mais le bois, toujours le bois.

« Je suis fatiguée, dit Marguerite.