Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/65

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Elles allaient reprendre leurs leçons, lorsque Sophie arriva sur un âne avec sa bonne.

Mme Fichini faisait dire qu’elle viendrait dîner et qu’elle se débarrassait de Sophie en l’envoyant d’avance.

Sophie.

Bonjour, mes bonnes amies ; bonjour, Marguerite ! Eh bien, Marguerite, tu t’éloignes ?

Marguerite.

Vous avez fait punir l’autre jour ma chère Camille : je ne vous aime pas, mademoiselle.

Camille.

Écoute, Marguerite, je méritais d’être punie pour m’être mise en colère : c’est très vilain de s’emporter.

Marguerite, l’embrassant tendrement.

C’est pour moi, ma chère Camille, que tu t’es mise en colère. Tu es toujours si bonne ! Jamais tu ne te fâches.

Sophie avait commencé par rougir de colère ; mais le mouvement de tendresse de Marguerite arrêta ce mauvais sentiment ; elle sentit ses torts, s’approcha de Camille et lui dit, les larmes aux yeux :

« Camille, ma bonne Camille, Marguerite a raison : c’est moi qui suis la coupable, c’est moi qui ai eu le premier tort en répondant durement à la pauvre petite Marguerite, qui défendait tes fraises. C’est moi qui ai provoqué ta juste colère