cessa de frapper que lorsque la verge se brisa entre ses mains ; alors elle en jeta les morceaux et sortit de la chambre. Mme de Fleurville la suivit pour lui exprimer son mécontentement d’une punition aussi injuste que barbare.
« Croyez, chère dame, répondit Mme Fichini, que c’est le seul moyen d’élever des enfants ; le fouet est le meilleur des maîtres. Pour moi, je n’en connais pas d’autres. »
Si Mme de Fleurville n’eût écouté que son indignation, elle eût chassé de chez elle une si méchante femme ; mais Sophie lui inspirait une pitié profonde : elle pensa que se brouiller avec la belle-mère, c’était priver la pauvre enfant de consolations et d’appui. Elle se fit donc violence et se borna à discuter avec Mme Fichini les inconvénients d’une répression trop sévère. Tous ces raisonnements échouèrent devant la sécheresse de cœur et l’intelligence bornée de la mauvaise mère, et Mme de Fleurville se vit obligée de patienter et de subir son odieuse compagnie.
Quand Mme de Rosbourg et Marguerite entrèrent chez Camille et Madeleine, elles furent surprises de les trouver toutes deux pleurant, et Sophie en chemise, criant, courant et sautant par excès de souffrance, le corps rayé et rougi par la verge dont les débris gisaient à terre.
Mme de Rosbourg et Marguerite restèrent immobiles d’étonnement.