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LES VACANCES.

Songez que depuis cinq ans que dure votre absence, elles vous croient mort, et qu’il faut les préparer tout doucement à vous revoir.

LECOMTE.

C’est vrai, monsieur, c’est vrai ! Je suis fou, je suis bête, je n’ai plus ma tête. Mais quel bonheur, quel bonheur ! Que Dieu est bon et comme il récompense bien ma patience ! Depuis cinq ans, je lui demande matin et soir de me faire retrouver ma femme et ma fille. Et voilà qu’en un jour je les retrouve, avec la fille de mon commandant, et puis cette pauvre mamzelle de Réan… N’allons-nous pas nous mettre en route, messieurs, mesdemoiselles ? C’est que, voyez-vous, quand on a été cinq ans à demander les siens au bon Dieu et qu’on les sent si près, on ne tient plus en place. Je marcherais, je courrais comme un cerf. Il me semble que je ferais six lieues à l’heure.

— Partons, » répondirent ensemble MM. de Rugès, de Traypi et tous les enfants.

Les enfants marchèrent tous aussi vite que le leur permettaient leurs petites jambes. Le Normand, voyant la pauvre petite Marguerite rester en arrière, malgré les efforts de Jacques pour la soutenir et la faire marcher du même pas que les autres, la saisit dans ses bras et la porta ainsi jusqu’à l’entrée du village.