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LES VACANCES.

Depuis ce malheureux jour, continua Sophie après quelques minutes d’interruption et de larmes, vous ne pouvez vous figurer combien je fus malheureuse. Ma belle-mère tint la promesse qu’elle avait faite à papa, et me battit avec une telle cruauté que tous les jours j’avais de nouvelles écorchures, de nouvelles meurtrissures.

CAMILLE, l’embrassant.

Oui, ma pauvre Sophie, deux fois nous avons été témoins de la méchanceté de ta belle-mère, et c’est une des raisons qui nous ont attachées à toi.

JEAN.

Cette méchante femme ! Si je la voyais, je l’assommerais ! Je suis enchanté que ton papa l’ait si bien cravachée ; elle l’avait bien mérité.

SOPHIE

Oui, mais elle me l’a fait bien payer, je t’assure.

MADELEINE.

Et que faisais-tu toute la journée ?

SOPHIE

Je m’ennuyais ; je pleurais souvent. Dans les commencements, je causais avec les domestiques qui avaient pitié de moi, je leur parlais de pauvre maman et de pauvre papa. Mais elle a su que les domestiques m’aimaient, qu’ils me donnaient des