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LES VACANCES

mâts, je me trouvai dans une mer qui m’était tout à fait inconnue. »

MARGUERITE.

Alors personne ne connaîtra jamais cette île, papa ?

M. DE ROSBOURG.

Peut-être, si j’y retourne, je la retrouverai.

MARGUERITE.

Oh ! papa, vous n’irez plus jamais sur mer, je vous en prie.

M. DE ROSBOURG, souriant.

Nous verrons cela plus tard, chère petite ; écoutons Paul. Il se souvient bien, ma foi ; voyons s’il ira de même jusqu’au bout.

PAUL.

Les sauvages voulaient me prendre dans leurs bras, mais mon père les repoussa d’un air de commandement qui les effraya, car ils se culbutèrent les uns les autres et firent un grand cercle pour nous laisser passer.

« — Le Normand, dit mon père, soyons prudents et ne nous engageons pas de nuit dans les terres ; trouvons un abri pour que Paul puisse dormir pendant que nous ferons la garde près de lui. Ils ont l’air de bons diables, mais il ne faut pas trop s’y fier. Le crocodile vous croque en deux bouchées avec son air doux et sa voix de petit enfant. Méfions-nous. »