Page:Ségur - Les vacances.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
LES VACANCES

très-difficile, mais il leur manque une foule de mots ; nous leur apprîmes à notre tour le français, qu’ils prononçaient d’une manière très-drôle mais tout cela ne se passa que longtemps après.

« Nous arrivâmes enfin dans une espèce de village formé de huttes basses, mais assez propres. Un ruisseau coulait tout le long du village. Chaque hutte était partagée en deux ; une partie servait au chef de famille et aux fils ; l’autre aux femmes et aux enfants. Les garçons quittent la chambre des femmes à l’âge de huit ans, et ils ont alors le droit d’aller à la chasse, d’apprendre à tirer de l’arc, à se servir d’une massue, à faire les flèches et les armes, à préparer les peaux pour les vêtements des hommes, à bâtir des huttes, et autres choses que ne peuvent faire les femmes. Quand nous fûmes arrivés, nous vîmes une grande agitation se manifester parmi les sauvages. Ils avaient l’air de délibérer pendant que les femmes et les enfants sortaient de leurs huttes, nous entouraient, nous examinaient, nous touchaient. Mes deux amis ne laissèrent personne m’ennuyer de cet examen ; ils chassaient les importuns à coups de pied, à coups de poing ; je me mis de la partie, ce qui les fit rire aussi bien que les battus, qui applaudissaient les premiers à mes