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LES VACANCES.

le fit entrer dans la maison et ferma la porte sur lui. Le roi ne se posséda pas de joie, et commença avec ses sujets une ronde autour de la maison. Il fit signe à mon père que cette nuit la maison servirait à ses nouveaux amis, et qu’il ne la prendrait que le lendemain. Mon père lui expliqua, par signes aussi, que le lendemain il lui ferait une seconde chambre pour les femmes et les enfants, ce qui redoubla la joie du roi. Le chef ami regardait d’un œil triste et envieux, lorsque tout à coup son visage prit un air joyeux ; il dit quelques mots au roi, qui lui répondit : Vansi, Vansi, pravine. Alors le chef s’approcha du Normand, frotta son oreille contre la sienne, et le regarda d’un œil inquiet. « Mon commandant, dit le Normand, je n’aime pas ce geste-là. Le sauvage me déplaît ; au diable lui et son oreille ! — Tu vas le mettre en colère, mon Normand, rends-lui son frottement d’oreille. Si nous les fâchons, ils sont mille contre un ; quand nous en tuerions chacun un cent, il en resterait encore dix-huit cents, et nous autres expédiés, mon Paul restera victime de ta délicatesse. — C’est vrai, mon commandant ; c’est vrai cela. » En frottant son oreille contre celle du sauvage : « Tiens, diable rouge, la voilà mon oreille de chrétien, qui vaut mieux que ton oreille de païen. » Le chef