Page:Ségur - Les vacances.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
LES VACANCES.

grande surprise et joie. J’aidais mon père et le Normand à préparer les chevilles, à couper des liens avec mon couteau, à chercher la mousse et la terre pour boucher les trous. Cette seconde maison fut bien plus jolie et plus grande que la première, et, malgré les désirs du roi clairement exprimés, mon père voulut la garder, et la conserva pendant les cinq longues années que nous avons passées près de ces sauvages. Les jours suivants il fabriqua des escabeaux et une table, puis il tapissa toute la chambre de grandes feuilles de palmier, qui faisaient un charmant effet. Il fit aussi, dès le premier jour, une croix en bois, qu’il enfonça près du seuil de notre porte, et devant laquelle, matin et soir, nous faisions notre prière à genoux ; le dimanche et les fêtes, nous chantions aussi des cantiques, des psaumes et d’autres chants d’église que m’apprit mon père. Les sauvages, qui nous regardaient d’abord, voulurent faire comme nous ensuite ; j’appris à mes petits amis les paroles que je chantais ; ils prononçaient d’abord très-mal, ce qui nous faisait rire, mais au bout de peu de temps ils prononçaient aussi bien que nous. Nous leur apprîmes petit à petit à parler français, et eux nous apprirent leur langage ; nous finîmes par nous comprendre parfaitement.