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LES VACANCES.

père eut la patience de me tracer sur de grandes feuilles de palmier des histoires, des cartes de géographie. C’est ainsi qu’il m’apprit le catéchisme, l’histoire, la grammaire. Nous causions quelquefois des heures et des heures. Jamais je ne me fatiguais de l’entendre parler. Il est si bon, si patient, si gai, si instruit ! Et il m’apprit si bien à aimer le bon Dieu, à avoir confiance en sa bonté, à lui offrir toutes mes peines, à les regarder comme l’expiation de mes fautes, que je me sentais toujours heureux, tranquille, même dans la souffrance, tant j’étais sûr que le bon Dieu m’envoyait tout pour mon bien, et qu’en souffrant j’obtenais le pardon de mes péchés. Quelles belles prières nous faisions matin et soir au pied de notre croix ! Comme nous chantions avec ferveur nos cantiques et nos psaumes ! Oh, mon père, mon père, que je vous remercie de m’avoir appris à être heureux malgré nos peines et nos chagrins ! C’est vous qui m’avez appris par vos paroles et par vos exemples à aimer Dieu, à vivre en chrétien. »

Il y eut encore une petite interruption, après laquelle Paul continua son récit : « Nous sommes restés ainsi cinq longues années à attendre un vaisseau, et sans avoir des nouvelles de notre pauvre Normand. L’année d’après son enlèvement, le chef