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LES VACANCES.

et donna l’ordre qu’on vînt l’éveiller le lendemain au petit jour, car il avait une longue journée à faire pour gagner une bonne couchée. Quand il fut seul, il ferma sa porte au verrou et à double tour, et fit la revue de sa chambre pour voir s’il n’y avait pas quelque autre porte masquée dans le mur, ou une trappe, un panneau à ressort, qui pût en s’ouvrant donner passage à quelqu’un. « Il ne faut, se dit-il, négliger aucune précaution ; je ne crains pas les esprits dont cette sotte femme me menace ; mais cette vieille tour, reste d’un vieux château, pourrait bien cacher dans ses souterrains une bande de malfaiteurs, et je ne veux pas me laisser égorger dans mon lit comme un rat dans une souricière. » Après s’être bien assuré par ses yeux et par ses mains qu’il n’y avait à cette chambre d’autre entrée que la porte qu’il venait de verrouiller et qui était assez solide pour soutenir un siège, le maréchal s’assit près du feu dans un bon fauteuil et se mit à lire. Mais il sentit bientôt le sommeil le gagner ; il se déshabilla, se coucha, éteignit ses bougies, et ne tarda pas à s’endormir. Il s’éveilla au premier coup de minuit sonné par l’horloge de la vieille tour ; il compta les coups :

« Minuit, dit-il ; j’ai encore quelques heures de repos devant moi. » Il avait à peine achevé ces mots, qu’un bruit étrange lui fit ouvrir les yeux.