Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/101

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un garde excellent. Adieu, mon cher, très cher enfant, je t’aime et je t’embrasse bien tendrement. Tout le monde ici te remercie de ton souvenir et t’embrasse bien affectueusement.

Grand’mère de Ségur.

Camille part le 1er.


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Kermadio, 5 juin 1871.

Cher enfant, je reçois ce matin une lettre de maman qui me dit que ton père compte te faire passer encore l’année prochaine à Poitiers, d’abord à cause de l’air corrompu, pestilentiel de Paris rempli de cadavres mal enterrés et de sang dont la terre est imbibée. De plus, il y a encore 50 à 60 mille communeux disséminés dans les faubourgs de Paris et tout disposés à recommencer les massacres et les pillages. Les pauvres bons Pères restants seront certainement massacrés ; ces démons de communeux et d’impies n’ont aucun sentiment humain ; ils tuent pour tuer ; ils pillent et brûlent pour ruiner et détruire ; tu juges dans quelle inquiétude nous serions de te savoir dans ce repaire de diables incarnés. Je vais très bien ; ma pauvre Camille part jeudi avec son petit Paul… Pauvre Louis ! il y a six mois qu’il est souffrant, qu’il tousse, qu’il maigrit, qu’il s’affaiblit. Prie pour lui, cher enfant, afin que le bon Dieu le sauve. C’est demain 6 que tu joues ton rôle de zouave ; donne-moi des nouvelles de la représentation ; il ne fera pas trop chaud ; ici, il fait très froid depuis trois jours. Adieu, mon cher petit Jacques.

Grand’mère de Ségur.

Ton, oncle Gaston m’écrit qu’Henri est grand comme Pierre, et Marie-Thérèse aussi grande qu’Henriette Fresneau.


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