un garde excellent. Adieu, mon cher, très cher enfant, je t’aime et je t’embrasse bien tendrement. Tout le monde ici te remercie de ton souvenir et t’embrasse bien affectueusement.
- Grand’mère de Ségur.
Camille part le 1er.
Cher enfant, je reçois ce matin une lettre de maman qui me dit que ton père compte te faire passer encore l’année prochaine à Poitiers, d’abord à cause de l’air corrompu, pestilentiel de Paris rempli de cadavres mal enterrés et de sang dont la terre est imbibée. De plus, il y a encore 50 à 60 mille communeux disséminés dans les faubourgs de Paris et tout disposés à recommencer les massacres et les pillages. Les pauvres bons Pères restants seront certainement massacrés ; ces démons de communeux et d’impies n’ont aucun sentiment humain ; ils tuent pour tuer ; ils pillent et brûlent pour ruiner et détruire ; tu juges dans quelle inquiétude nous serions de te savoir dans ce repaire de diables incarnés. Je vais très bien ; ma pauvre Camille part jeudi avec son petit Paul… Pauvre Louis ! il y a six mois qu’il est souffrant, qu’il tousse, qu’il maigrit, qu’il s’affaiblit. Prie pour lui, cher enfant, afin que le bon Dieu le sauve. C’est demain 6 que tu joues ton rôle de zouave ; donne-moi des nouvelles de la représentation ; il ne fera pas trop chaud ; ici, il fait très froid depuis trois jours. Adieu, mon cher petit Jacques.
- Grand’mère de Ségur.
Ton, oncle Gaston m’écrit qu’Henri est grand comme Pierre, et Marie-Thérèse aussi grande qu’Henriette Fresneau.