Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/17

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Paris, 1863, 14 mars.


Mon bon petit Jacquot, je pense continuellement à toi, et je suis bien ennuyée de n’avoir pas de nouvelles de toi et de ce que tu fais. Je ne sais seulement pas si tu as la pioche que je t’avais commandée et qu’on devait te donner quand tu as passé devant les Nouettes. Dis-moi, en dictant une lettre à ta bonne, à quoi tu t’amuses, si tu travailles à ton petit jardin, si le jardinier t’aide un peu, si tu as tout ce qu’il te faut. Je t’ai envoyé, par le paquet de grand-père, cinq bougies bleues comme tu avais demandé. Je n’ai pas eu le temps de t’envoyer autre chose, ni quelque chose pour Jeannet et Margot, parce que j’ai su trop tard que grand-père envoyait un paquet… Ta petite cousine Henriette[1] est très gentille ; figure-toi qu’elle commence à lire assez bien les Malheurs de Sophie et qu’elle commence à écrire dans les cahiers de M. Paupier… elle compte très bien jusqu’à 100 ; elle se trompe quelquefois de 70 à 80. Sa maman lui donne deux fois par jour des petites leçons de 10 ou 15 minutes, jamais plus. Le soir, Henriette joue avec M. l’abbé à faire des tours, des églises, des villages dans le petit salon… Le petit Armand ne vient au salon qu’après déjeuner pendant dix minutes, parce qu’il fait du bruit… Élisabeth… s’amuse à lire, à découper, à écrire des histoires… Adieu, mon cher excellent petit Jacques ; je t’embrasse mille fois… Une poignée de main à papa. Adieu, mon cher petit ange.


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  1. Fresneau.