Page:Ségur - Lettres d une grand mère.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui combattra avec Trochu contre ces infâmes Prussiens et délivrera Paris et la France non seulement de ces sauvages ennemis, mais de tous les scélérats rouges qui cherchent à détruire le règne de Dieu. — Je vais bien ; je sais par ton oncle Anatole que papa va très bien… Adieu, mon cher petit bien-aimé, je t’embrasse mille fois ; tout le monde d’ici t’embrasse, surtout Pierre et Élisabeth.

Grand’mère de Ségur.


─────


Kermadio, 16 décembre 1870.

Cher enfant, maman m’a fait part de tes bonnes places, de ta mention honorable, de ta sortie de faveur ; je n’en ai pas été surprise, car j’ai l’habitude de te voir bien noté, oies placé, mais je n’en suis pas moins très contente… J’ai bien des petites poches à garnir, sans compter les grosses qui crient misère à cause des changements de position et de fortune amenés par la chute du gouvernement impérial. Pourtant, si tu as besoin de choses utiles comme des répétitions, des vêtements, des raccommodages de montre, demande-le-moi sans te gêner ; tu l’auras… Le petit Armand est très gentil et très pieux ; il fera sa première communion l’année prochaine ; il a une envie extrême de te voir. Peut-être pourras-tu, aux vacances prochaines, passer deux ou trois jours à Kermadio. Il y aura à faire un immense abatis de pies, de geais, de chouettes qui dévastent la basse-cour et que personne ne tue ; si tu avais ton fusil, tu t’amuserais à tuer toutes ces méchantes bêtes, sans compter les écureuils qui remplissent les bois, et les renards et lièvres qui. se promènent comme des présidents, sans être chassés… Adieu, cher petit chéri, je t’embrasse