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Kermadio, 31 janvier 1871.

Cher petit Jacques chéri, je pense que depuis l’armistice (prélude de la paix) les lettres peuvent arriver à Poitiers. Depuis ta lettre du jour de l’an, je n’en ai plus reçu ; j’espère que les miennes ont pu t’arriver, ainsi que la boîte de chapelets… Je pense qu’Henri va revenir quand on aura signé la paix ; les éclaireurs, francs-tireurs, etc., seront rendus à la liberté. Ton cousin Jacques s’était engagé dans les zouaves de Charette, mais il n’a pas encore eu le temps de rejoindre…..

Je vais bien… Quel froid il a fait et il fait encore ! Comment vont tes engelures, mon pauvre petit ? et comment a été ton mois de janvier pour tes places et tes notes ? As-tu reçu la lettre du Père M. que je t’ai envoyée il y a 10 jours environ ? Adieu, mon cher petit chéri ; je pense à toi sans cesse ; je t’embrasse comme je t’aime…..

Grand’mère de Ségur.


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Kermadio, 1871, 13 février.

Cher petit, tu auras 14 ans après-demain, et je veux que tu reçoives de moi une preuve de souvenir et de tendresse ; ce jour-là, ton absence me sera plus pénible encore que d’habitude. J’ai appris avec peine que ton ami d’H. était à Vannes… Il a eu la visite d’une de ses tantes, Madame de Cl. ; quand il a su qu’elle me connaissait, il a demandé de tes nouvelles et où tu étais ; il a été désolé de te savoir à Poitiers au lieu de Vannes. Si tu as le temps de lui écrire, il sera enchanté d’avoir de tes nouvelles par toi-même, et tu sauras comment il se trouve à Vannes. Nous allons avoir la paix