Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/100

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Jacques.

Je lui dis de venir demeurer chez grand’mère : il est tout seul, pauvre bête !

Jeanne.

Oui, Jacques prends-le ; attends, je vais monter à dos. Ma bonne, ma bonne, à dos de l’âne.

La bonne mit la petite fille sur mon dos ; Jacques voulait me mener, mais je n’avais pas de brides.

« Attendez, ma bonne, dit-il, je vais lui attacher mon mouchoir au cou. »

Le petit Jacques essaya, mais j’avais le cou trop gros pour son petit mouchoir : sa bonne lui donna le sien, qui était encore trop court.

« Comment faire, ma bonne ? dit Jacques prêt à pleurer.

La bonne.

Allons au village demander un licou ou une corde. Viens, ma petite Jeanne, descends de dessus l’âne.

Jeanne, se cramponnant à mon cou.

Non, je ne veux pas descendre ; je veux rester sur l’âne, je veux qu’il me mène à la maison.

La bonne.

Mais nous n’avons pas de licou pour le faire avancer. Tu vois bien qu’il ne bouge pas plus qu’un âne de pierre.

Jacques.

Attendez, ma bonne, vous allez voir. D’abord je sais qu’il s’appelle Cadichon : la mère Tranchet me l’a dit. Je vais le caresser, l’embrasser, et je crois qu’il me suivra.