deux ans ; ils étaient enchaînés deux à deux, et ils avaient tous de petites sonnettes aux bras et aux pieds, pour qu’on pût savoir de quel côté ils allaient. Deux voleurs restaient toujours près d’eux pour les garder ; on n’en laissait jamais plus de deux dans le même souterrain. Pour ceux qui travaillaient aux vêtements, on les réunissait tous, mais le bout de leur chaîne était attaché, pendant le travail, à un anneau scellé dans le mur.
Je sus plus tard que ces malheureux étaient les voyageurs et les visiteurs des ruines qui avaient disparu depuis deux ans. Il y en avait quatorze ; ils racontèrent que les voleurs en avaient tué trois sous leurs yeux : deux parce qu’ils étaient malades, et un qui refusait obstinément de travailler.
Les gendarmes délivrèrent tous ces pauvres gens, ramenèrent les ânes au château, portèrent les blessés à l’hospice, et menèrent les voleurs en prison. Ils furent jugés et condamnés, le capitaine à mort et les autres à être envoyés à Cayenne. Quant à moi, je fus admiré par tout le monde ; chaque fois que je sortais, j’entendais dire aux personnes qui me rencontraient :
« C’est Cadichon, le fameux Cadichon, qui vaut à lui seul plus que tous les ânes du pays. »