Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/16

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pus que sautiller et me secouer de droite et de gauche. J’eus pourtant le plaisir de la sentir dégringoler. « Méchant âne ! sot animal ! entêté ! Je vais te corriger et te donner du Martin-bâton. »


Elle prit son bâton.

En effet, elle me battit tellement que j’eus peine à marcher jusqu’à la ville. Nous arrivâmes enfin. On ôta de dessus mon pauvre dos écorché tous les paniers pour les poser à terre ; ma maîtresse, après m’avoir attaché à un poteau, alla déjeuner, et moi, qui mourais de faim et de soif, on ne m’offrit pas seulement un brin d’herbe, une goutte d’eau. Je trouvai moyen de m’approcher des légumes pendant l’absence de la fermière, et je me rafraîchis la langue en me remplissant l’estomac avec un panier de salades et de choux. De ma vie je n’en avais mangé de si bons ; je finissais le dernier chou et la dernière salade lorsque ma maîtresse revint. Elle poussa un cri en voyant son panier vide ; je la