Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeunes chasseurs tiraient partout et sur tout, sans s’occuper de ce qui était devant et près d’eux. En visant une perdrix, ils pouvaient m’envoyer leur plomb, et j’attendis avec inquiétude la suite de la proposition.

« Papa, dit Pierre à son père qui arrivait, pouvons-nous emmener Cadichon ?

— Pour quoi faire ? répondit le papa en riant ; tu veux donc chasser à âne, et poursuivre les perdrix à la course ! Dans ce cas, il faut d’abord attacher des ailes à Cadichon.

Henri, contrarié.

Mais non, papa, c’est pour notre gibier quand nos carnassières seront trop pleines.

Le papa, avec surprise et riant.

Porter votre gibier ! Vous croyez donc, pauvres innocents, que vous allez tuer quelque chose, et même beaucoup de choses ?

Henri, piqué.

Certainement, papa ; j’ai vingt cartouches dans ma veste, et je tuerai au moins quinze pièces.

Le papa.

Ah ! ah ! ah ! Elle est bonne, celle-là ! Sais-tu ce que vous tuerez, vous deux et votre ami Auguste ?

Henri.

Quoi donc, papa ?

Le papa.

Le temps, et rien avec.

Henri, très piqué.

Alors, papa, je ne sais pas pourquoi vous nous