Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/170

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chiens, nous sommes bien sûrs de tuer autant que vous. »

Le déjeuner finissait, on était reposé, et les jeunes chasseurs étaient pressés de se remettre en chasse avec les chiens et les gardes.

« Nous allons avoir l’air de vrais chasseurs, » dirent-ils d’un air satisfait.

Les voilà partis encore une fois, et moi suivant comme avant le déjeuner, mais toujours de loin. Les papas avaient dit aux gardes de marcher près des enfants, et d’empêcher toute imprudence. Les perdrix partaient de tous côtés comme le matin, les jeunes gens tiraient comme le matin, et ne tuaient rien comme le matin. Pourtant les chiens faisaient bien leur office ; ils quêtaient, ils arrêtaient, seulement ils ne rapportaient pas, puisqu’il n’y avait rien à rapporter. Enfin, Auguste, impatienté de tirer sans tuer, voit un des chiens en arrêt ; il croit qu’en tirant avant que la perdrix parte, il tuera plus facilement. Il vise, il tire… le chien tombe en se débattant et en poussant un cri de douleur.

« Corbleu ! c’est notre meilleur chien ! » s’écria le garde en s’élançant vers lui.

Quand il arriva, le chien expirait. Le coup l’avait frappé à la tête ; il était sans mouvement et sans vie.

« Voilà un beau coup que vous avez fait là, monsieur Auguste ! » dit le garde en laissant retomber le pauvre animal. Je crois bien que voilà la chasse finie.