Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/230

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Élisabeth.

Tu crois que ce n’est pas une vraie poupée qui a écrit ?

Camille.

Certainement non. Comment veux-tu qu’une poupée, qui n’est pas vivante, qui est faite en bois, en peau et remplie de son, puisse réfléchir, voir, entendre, écrire ? »

Tout en causant, nous arrivions au château ; les enfants coururent tous à leur grand’mère, qui était restée à la maison. Ils lui racontèrent tout ce que j’avais fait et combien j’avais étonné et enchanté tout le monde.

« Mais il est vraiment merveilleux, ce Cadichon ! s’écria-t-elle en venant me caresser. J’ai connu des ânes fort intelligents, plus intelligents que toute autre bête, mais jamais je n’en ai vu comme Cadichon ! Il faut avouer qu’on est bien injuste envers les ânes. »

Je me retournai vers elle, et je la regardai avec reconnaissance.

« On dirait en vérité qu’il m’a comprise, continua-t-elle. Mon pauvre Cadichon, sois sûr que je ne te vendrai pas tant que je vivrai, et que je te ferai soigner comme si tu comprenais tout ce qui se fait autour de toi. »

Je soupirai en pensant à l’âge de ma vieille maîtresse ; elle avait cinquante-neuf ans, et moi je n’en avais que neuf ou dix.

« Mes chers petits maîtres, quand votre grand’-