Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/264

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chacun de notre côté, mais, plus nous tirions, plus la corde m’étranglait ; dès le premier moment j’avais vainement essayé de braire ; je pouvais à peine respirer, et je cédais forcément à la traction du cocher ; il m’amena ainsi jusqu’à l’écurie, dont la porte fut obligeamment ouverte par les autres domestiques. Une fois entré dans ma stalle, on me passa promptement mon licou, on lâcha la corde qui m’étranglait, et le cocher, ayant soigneusement fermé la porte, se saisit d’un fouet de charretier, et commença à m’en frapper impitoyablement sans que personne prît ma défense. J’eus beau braire, me démener, mes jeunes maîtres ne m’entendirent pas, et le méchant cocher put me faire expier à son aise les méchancetés dont il m’accusait.


Plus nous tirions, plus la corde m’étranglait.

Il me laissa enfin dans un état de douleur et d’abattement impossible à décrire. C’était la première fois, depuis mon entrée dans cette maison, que j’avais été humilié et battu. Depuis j’ai réfléchi,