Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/280

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cher Henri et Élisabeth ; ils s’assirent et ils continuèrent à causer.

« Je crois, Henri, que tu as raison, dit Élisabeth, et je partage tes sentiments ; moi aussi, je n’aime presque plus Cadichon depuis qu’il a été si méchant pour Auguste.

Henri.

Et ce n’est pas seulement Auguste ; te souviens-tu de la foire de Laigle, quand il a été si mauvais pour le maître de l’âne savant ?

Élisabeth.

Ah ! ah ! ah ! Oui, je me le rappelle très bien. Il était drôle ! Tout le monde riait, mais tout de même nous avons tous trouvé qu’il avait montré beaucoup d’esprit, mais pas de cœur.

Henri.

C’est vrai ! il a humilié ce pauvre âne et son maître le faiseur de tours ; on m’a dit que le malheureux avait été obligé de partir sans avoir rien gagné, parce que tout le monde se moquait de lui. En s’en allant, sa femme et ses enfants pleuraient : ils n’avaient pas de quoi manger.

Élisabeth.

Et c’était la faute de Cadichon.

Henri.

Certainement ! Sans lui, le pauvre homme aurait gagné de quoi vivre pendant quelques semaines.

Élisabeth.

Et puis te rappelles-tu ce qu’on nous a raconté des méchancetés qu’il a faites chez son ancien