Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/32

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tivement. « Non, ce n’est pas à moi, ni à personne que je connaisse, mon garçon. Va chercher plus loin. »

Georget remonta sur mon dos ; je repartis au galop, et nous marchâmes, demandant de porte en porte à qui j’appartenais. Personne ne me reconnaissait, et nous revînmes chez la bonne grand’mère, qui filait toujours assise devant sa maison.

Georget.

Grand’mère, le bourri n’appartient à personne du pays. Qu’allons-nous en faire ? Il ne veut pas me quitter, et il se sauve quand quelqu’un veut le toucher.

La grand’mère.

En ce cas, mon Georget, il ne faut pas le laisser passer la nuit dehors ; il pourrait lui arriver malheur. Va le mener à l’écurie de notre pauvre Grison, et donne-lui une botte de foin et un seau d’eau. Nous verrons demain à le mener au marché ; peut-être retrouverons-nous son maître.

Georget.

Et si nous ne le retrouvons pas, grand’mère ?

La grand’mère.

Nous le garderons jusqu’à ce qu’on le réclame. Nous ne pouvons pas laisser cette pauvre bête périr de froid pendant l’hiver, ou bien tomber aux mains de méchants garnements qui la battraient et la feraient mourir de fatigue et de misère.

Georget me donna à boire et à manger, me caressa et sortit. Je lui entendis dire en fermant la porte :