Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Auguste.

Difficile ! quelle folie ! Moi, j’ai lancé dix fois, vingt fois l’épervier. C’est très facile.

Pierre.

Et as-tu pris beaucoup de poissons ?

Auguste.

Je n’en ai pas pris, parce que je ne le lançais pas dans l’eau.

Pierre.

Comment ? où et sur quoi le lançais-tu ?

Auguste.

Sur l’herbe ou sur la terre, seulement pour m’apprendre à bien jeter.

Pierre.

Mais ce n’est pas du tout la même chose ; je suis sûr que tu le lancerais très mal sur l’eau.

Auguste.

Mal ! tu crois cela ? Tu vas voir si je le lance mal ! Je cours chercher l’épervier qui sèche au soleil dans la cour.

Pierre.

Non, Auguste, je t’en prie. S’il arrivait quelque chose, papa nous gronderait.

Auguste.

Et que veux-tu qu’il arrive ? Puisque je te dis que chez nous on pêche toujours à l’épervier. Je pars ; attendez-moi, je ne serai pas longtemps. »

Et Auguste partit en courant, laissant Pierre et Henri mécontents et inquiets. Il ne tarda pas à revenir, traînant après lui le filet.