Page:Ségur - Mémoires d’un âne.djvu/53

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Caroline.

Mais non, Ernest aura la complaisance de m’accompagner. Continuez, vous autres, votre promenade ; vous êtes encore quatre, vous pouvez bien vous passer de moi et d’Ernest.

— Au fait, elle a raison, dit Antoine ; remontons à âne et continuons notre promenade.

Et ils partirent, laissant la bonne Caroline avec son cousin Ernest.

« Comme c’est heureux qu’on ne m’ait pas écoutée et qu’on ait voulu me taquiner en passant si près du cimetière, dit Caroline : sans cela je n’aurais pas entendu pleurer ce pauvre enfant et il aurait passé la nuit entière sur la terre froide et humide ! »

C’était moi qu’Ernest montait. Je compris, avec mon intelligence accoutumée, qu’il fallait arriver le plus promptement possible au château. Je me mis donc à galoper, mon camarade me suivit, et nous arrivâmes en une demi-heure. On fut d’abord effrayé de notre retour si prompt. Caroline raconta ce qui leur était arrivé avec l’enfant. Sa maman ne savait trop qu’en faire, lorsque la femme du garde offrit de l’élever avec son fils, qui était du même âge. La maman accepta son offre. Elle fit demander au village le nom du petit garçon et ce qu’étaient devenus ses parents. On apprit que le père était mort l’année d’avant, la mère depuis six mois ; l’enfant était resté avec une vieille grand’mère méchante et avare, qui était