Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/132

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royaume, tout le monde vous aimera, et moi plus que tous les autres.

— Demain, cher prince, je vous transmettrai la réponse de ma marraine, que j’interrogerai à ce sujet. »

On alla dîner ; Charmant se plaça près de Rosette, qui causa de la manière la plus agréable.

Après dîner, le roi donna des ordres pour que le bal commençât. Orangine et Roussette, qui prenaient des leçons de danse depuis dix ans, dansèrent très bien, mais sans grâce ; elles savaient que Rosette n’avait jamais eu occasion de danser, de sorte qu’elles annoncèrent d’un air moqueur que c’était au tour de Rosette. La modeste Rosette s’en défendit vivement, parce qu’il lui répugnait de se montrer en public et d’attirer les regards ; mais plus elle se défendait et plus les envieuses sœurs insistaient, espérant qu’elle allait enfin avoir l’humiliation d’un échec. La reine mit fin au débat, en commandant impérieusement à Rosette d’exécuter la danse de ses sœurs.

Rosette se mit en devoir d’obéir à la reine ; Charmant, voyant son embarras, lui dit :

« Je serai votre cavalier, chère Rosette ; quand vous ne saurez pas un pas, laissez-moi l’exécuter seul.

— Merci, cher prince, je reconnais là votre bonté. Je vous accepte avec joie pour cavalier, et j’espère que je ne vous ferai pas rougir. »

Rosette et Charmant commencèrent ; jamais on n’avait vu une danse plus gracieuse, plus vive,