Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/205

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Ourson s’arrêta ; il se mit à pleurer à son tour.

« Infortuné que je suis ! s’écria-t-il, je ne puis même venir au secours de cette pauvre enfant abandonnée. Mon aspect la remplit de terreur. Elle préfère l’abandon à ma présence ! »

En disant ces mots, le pauvre Ourson se couvrit le visage de ses mains et se jeta à terre en sanglotant.

Au bout d’un instant, il sentit une petite main qui cherchait à écarter les siennes ; il leva la tête et vit l’enfant debout devant lui, ses yeux pleins de larmes.

Elle caressait les joues velues du pauvre Ourson.

« Pleure pas, petit ours, dit-elle, pleure pas ; Violette n’a plus peur ; plus se sauver. Violette aimer pauvre petit ours ; petit ours donner la main à Violette, et si pauvre petit ours pleure encore, Violette embrasser pauvre ours. »

Des larmes de bonheur, d’attendrissement, succédèrent chez Ourson aux larmes de désespoir.

Violette, le voyant pleurer encore, approcha sa jolie petite bouche de la joue velue d’Ourson et lui donna plusieurs baisers en disant :

« Tu vois, petit ours, Violette pas peur ; Violette baiser petit ours ; petit ours pas manger Violette. Violette venir avec petit ours. »

Si Ourson s’était écouté, il aurait pressé contre son cœur et couvert de baisers cette bonne et charmante enfant, qui faisait violence à sa terreur pour calmer le chagrin d’un pauvre être