Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/246

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ver dans l’obscurité une place aussi commode.

« Eh bien, chère Violette, ne t’alarme pas ; il fait beau, il fait chaud. Tu es mollement étendue sur une mousse épaisse ; passons la nuit où nous sommes ; je te couvrirai de mon habit et je me coucherai à tes pieds pour te préserver de tout danger et de toute terreur. Maman et Passerose ne s’inquiéteront pas. Elles ignorent les dangers que nous avons courus, et tu sais qu’il nous est arrivé bien des fois, par une belle soirée comme aujourd’hui, de rentrer après qu’elles étaient couchées. »

Violette consentit volontiers à passer la nuit dans la forêt, d’abord parce qu’ils ne pouvaient faire autrement, ensuite parce qu’elle n’avait jamais peur avec Ourson et qu’elle trouvait toujours bon ce qu’il avait décidé.

Ourson arrangea donc de son mieux le lit de mousse de Violette ; il se dépouilla de son habit et l’en couvrit malgré sa résistance ; ensuite, après avoir vu les yeux de Violette se fermer et le sommeil envahir tous ses sens, il s’étendit à ses pieds et ne tarda pas lui-même à s’endormir profondément.

Ourson était fatigué. Le lendemain, ce fut Violette qui s’éveilla la première. Il faisait jour ; elle sourit en voyant l’attitude menaçante d’Ourson qui, la hache serrée dans la main droite, semblait défier tous les sangliers de la forêt. Elle se leva sans bruit et se mit à la recherche du chemin à suivre pour regagner la ferme.