Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/248

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revenait manger à la maison. Violette ne s’éloignait jamais de la ferme sans Ourson.

Trois ans après l’événement de la forêt, Ourson vit arriver de grand matin Violette pâle et défaite ; elle le cherchait.

« Viens, viens, dit-elle en l’entraînant au-dehors, j’ai à te parler,… à te raconter… Oh ! Viens. »

Ourson, inquiet, la suivit précipitamment.

« Qu’est-ce donc, chère Violette ? Pour l’amour du ciel, parle-moi, rassure-moi. Que puis-je pour toi ?

— Rien, rien, cher Ourson, tu ne peux rien… Écoute-moi. Te souviens-tu de mon rêve d’enfant ? de Crapaud ? de rivière ? de danger ? Eh bien, cette nuit, j’ai rêvé encore… C’est terrible,… terrible. Ourson, cher Ourson, ta vie est menacée. Si tu meurs, je meurs.

— Comment ! Par qui ma vie est-elle menacée ?

— Écoute… Je dormais. Un Crapaud !… encore un Crapaud, toujours un Crapaud ! Un Crapaud vint à moi et me dit :

« Le moment approche où ton cher Ourson doit retrouver sa peau naturelle ; c’est à toi qu’il devra ce changement. Je le hais, je te hais. Vous ne serez pas heureux l’un par l’autre ; Ourson périra, et toi, tu ne pourras accomplir le sacrifice auquel aspire ta sottise ! Sous peu de jours, sous peu d’heures peut-être, je tirerai de vous tous une vengeance éclatante. Au revoir ! Entends-tu ? au revoir ! »

« Je m’éveillai : je retins un cri prêt à m’échap-