Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/261

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serait précipitée, si Passerose ne l’avait saisie dans ses bras et ne l’avait vivement tirée en arrière.

« Pour l’amour de lui, chère reine, n’allez pas vous jeter dans ce trou ; vous vous y tueriez. Je vais vous l’avoir, ce cher Ourson, avec sa Violette. »

Agnella, tremblante de bonheur, comprit la sagesse du conseil de Passerose. Elle resta immobile, palpitante, pendant que Passerose courait chercher une échelle.

Passerose fut longtemps absente. Il faut l’excuser, car elle aussi était un peu troublée. Au lieu de l’échelle, elle saisissait une corde, puis une fourche, puis une chaise. Elle pensa même, un instant, à faire descendre la vache au fond du puits, pour que le pauvre Ourson pût boire du lait tout chaud. Enfin, elle trouva cette échelle qui était là devant elle, sous sa main, et qu’elle ne voyait pas.

Pendant que Passerose cherchait l’échelle, Ourson et Violette ne cessaient de causer de leur bonheur, de se raconter leur désespoir, leurs angoisses.

« Je passai heureusement à travers les flammes, dit Ourson ; je cherchai à tâtons l’armoire de ma mère ; la fumée me suffoquait et m’aveuglait, lorsque je me sentis enlever par les cheveux et précipiter au fond de ce puits où tu es venue me rejoindre, chère Violette. Au lieu d’y trouver de l’eau ou de l’humidité, j’y sentis une douce fraîcheur. Un tapis moelleux en garnissait le fond, comme tu peux le voir encore ; une lumière suffisante m’éclairait ; je trouvai près de moi des provi-