Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/271

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travail qu’il demandait. Il voyait de loin le fermier et sa famille assis devant le seuil de leur porte et prenant leur repas.

Il ne s’en trouvait plus qu’à une petite distance, lorsqu’un des enfants, petit garçon de dix ans, l’aperçut. Il sauta de son siège, poussa un cri et s’enfuit dans la maison.

Un second enfant, petite fille de huit ans, entendant le cri de son frère, se retourna également et se mit à jeter des cris perçants.

Toute la famille, imitant alors le mouvement des enfants, se retourna ; à la vue d’Ourson, les femmes poussèrent des cris de terreur, les enfants s’enfuirent, les hommes saisirent des bâtons et des fourches, s’attendant à être attaqués par le pauvre Ourson, qu’ils prenaient pour un animal extraordinaire échappé d’une ménagerie.

Ourson, voyant ce mouvement de terreur et d’agression, prit la parole pour dissiper leur frayeur.

« Je ne suis pas un ours, comme vous semblez le croire, Messieurs, mais un pauvre garçon qui cherche de l’ouvrage et qui serait bien heureux si vous vouliez lui en donner. »

Le fermier fut surpris d’entendre parler un ours.

Il ne savait trop s’il devait fuir ou l’interroger ; il se décida à lui parler.

« Qui es-tu ? d’où viens-tu ?

— Je viens de la ferme des Bois, et je suis le fils de la fermière Agnella, répondit Ourson.