Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/72

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jamais pu monter jusqu’au sommet ; d’ailleurs elle était entourée d’un torrent, de murs élevés et de précipices infranchissables.

Ils étaient heureux et contents ; mais un jour la pauvre maman tomba malade. Elle ne connaissait pas de médecin ; d’ailleurs elle n’aurait pas eu d’argent pour le payer. Le pauvre Henri ne savait ce qu’il fallait faire pour la guérir ; quand elle avait soif, il lui faisait boire de l’eau, car il n’avait pas autre chose à lui donner ; il restait nuit et jour près d’elle ; il mangeait à peine un morceau de pain sec au pied de son lit et, quand elle dormait, il la regardait et pleurait. La maladie augmenta de jour en jour, et enfin la pauvre femme fut tout à fait mourante ; elle ne pouvait ni parler ni même avaler quoi que ce fût ; elle ne reconnaissait plus son petit Henri, qui sanglotait à genoux près de son lit. Dans son désespoir, il s’écria :

« Fée Bienfaisante, venez à mon secours, sauvez ma pauvre maman ! »

À peine eut-il prononcé ces mots, que la fenêtre s’ouvrit, et qu’il vit entrer une dame richement vêtue qui lui demanda d’une voix douce :

« Que désirez-vous de moi, mon petit ami ? Vous m’avez appelée ; me voici. »

— Madame, s’écria Henri en se jetant à ses genoux et en joignant les mains, si vous êtes la fée Bienfaisante, sauvez ma pauvre maman, qui va mourir et me laisser seul en ce monde.

La fée regarda Henri d’un air attendri ; puis, sans mot dire, elle s’approcha de la pauvre femme, se