Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/87

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Et le pauvre enfant sentit, pour la première fois, ses yeux pleins de larmes ; il chercha le moyen de passer ce précipice ; il n’en trouva pas et il s’assit tristement au bord. Tout à coup il entendit un effroyable rugissement ; en se retournant, il vit, à dix pas de lui, un Loup énorme qui le regardait avec des yeux flamboyants.

« Que viens-tu chercher dans mes domaines ? dit le Loup d’une voix formidable.

— Monseigneur le Loup, je viens chercher la plante de vie pour ma pauvre maman qui se meurt. Si vous pouvez me faire passer ce précipice, je serai votre serviteur dévoué pour tout ce que vous me commanderez.

— Eh bien, mon garçon, si tu peux attraper tout le gibier qui est dans mes forêts, oiseaux et quadrupèdes, et me les mettre en rôtis et en pâtés, foi de génie de la montagne, je te ferai passer de l’autre côté du précipice. Tu trouveras près de cet arbre tout ce qu’il te faut pour ta chasse et ta cuisine. Quand tu auras fini, tu m’appelleras. »

En disant ces mots, il disparut.

Henri reprit courage ; il ramassa un arc et des flèches qu’il vit à terre et se mit à tirer sur les perdrix, les bécasses, les gélinottes, les coqs de bruyère qui passaient ; mais il ne savait pas tirer et il ne tuait rien.

Il y avait huit jours qu’il tirait en vain, et il commençait à s’ennuyer, lorsqu’il vit près de lui le Corbeau qu’il avait sauvé en commençant son voyage.