Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/103

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C’est sa faute aussi ; pourquoi n’apprend-elle rien à Giselle ! Ha, ha, ha ! Une fille de dix ans qui répond tout ce qu’elle a répondu. Mais sois tranquille, je n’en parlerai pas ; elle perdrait ses moyens d’existence. La méthode doit être fameuse ! Ah bien ! ce n’est pas moi qui recommanderai la pauvre Tomme !

m. tocambel.

Attendez, baronne, attendez. Laissez-moi entrer là dedans pour éclaircir ce mystère. Cette pauvre Tomme, comme vous l’appelez, est une personne fort instruite ; je le sais, j’en suis certain. Il y a quelque chose là-dessous. »

M. Tocambel entra dans la chambre de Léontine, où travaillait Giselle, et en ferma la porte. Mme de Monclair se mit à la porte et y colla son oreille, riant encore et espérant entendre quelque chose d’amusant. Léontine resta dans son fauteuil, pensive et triste ; elle craignait de trop bien deviner la cause de la gaieté de sa tante et de la prétendue ignorance de Giselle. La peur de voir ses craintes vérifiées l’attristait profondément.

« Mon Dieu ! se disait-elle, Giselle serait-elle réellement méchante ? Ou bien n’est-ce qu’un enfantillage, une plaisanterie dont elle n’a pas prévu les conséquences pour Mlle Tomme ? »

Mme de Monclair ne riait plus ; elle écoutait