Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/11

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Gerville, âgée alors de vingt-trois ans ; mais le caractère intolérable de leur nièce Giselle, qui avait alors près de six ans, et la faiblesse excessive de Léontine et de son mari pour cette fille unique, avaient forcé Pierre de Néri à retirer ses sœurs de l’odieux esclavage dont elles souffraient. Ils avaient été passer un hiver à Rome ; M. de Néri retrouva à Paris sa sœur Léontine, qu’il aimait tendrement, et qu’il voyait presque tous les jours.

Un matin, que Giselle avait fait une scène de colère en présence de son oncle, et que Léontine cherchait à persuader son frère de la sagesse et de la douceur de Giselle, Pierre ne put s’empêcher de lui dire :

« Je t’assure, Léontine, que tu es encore bien aveugle sur les défauts de Giselle ; elle est franchement insupportable.

léontine.

Oh Pierre ! comment peux-tu avoir une pensée aussi fausse ! Tout le monde la trouve changée et charmante.

Pierre.

Je veux bien croire qu’on te le dise ; mais, ce que je ne puis croire, c’est qu’on te parle franchement.

léontine.

Si tu savais comme je suis devenue sévère ! Je