Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/117

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clair demanda à Léontine de la remplacer au piano.

« Mes vieux doigts sont fatigués, dit-elle ; ils ne peuvent plus aller assez vite, et mes vieilles jambes demandent à se dégourdir. Je veux danser aussi, moi. Allons, père Toc, venez m’engager pour une contredanse ; faisons voir à cette jeunesse comment on dansait de notre temps. Mettez-vous tous en place ; en avant deux ; ce sont les vieux qui commencent. »

Mme de Monclair et M. Tocambel commencèrent un avant-deux, élégant et classique ; la contredanse s’exécuta au milieu des rires et des bravos ; les pas de zéphyr, les pas de Basque, les pirouettes, les entrechats, les pas mouchetés, rien n’y manqua. Chacun fit de son mieux ; mais aucun ne put égaler la grâce, la légèreté, la souplesse du vieux couple.

« Ah je n’en puis plus, criait Mme de Monclair en exécutant le dernier chassé-croisé je suis rendue. Pierre, viens m’aider à regagner un fauteuil, une chaise, n’importe quoi. Les vieux danseurs n’ont plus de force. »

À peine Mme de Monclair, soutenue par Pierre, fut-elle installée dans un bon fauteuil, que la porte s’ouvrit et qu’à la surprise générale Victor entra tenant Giselle par la main. Léontine poussa