Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de M. Tocambel, Léontine dans ceux de Victor, Pierre dans ceux de Giselle, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous se furent embrassés. On riait, on se poussait, on se culbutait ; les deux petits passaient de bras en bras ; le fort de la mêlée dura plus d’un quart d’heure. Quand l’ordre fut rétabli, Giselle était encore fortement serrée dans les bras de sa mère : toutes les deux pleuraient.

« Je ne veux pas qu’on pleure s’écria Mme de Monclair ; une pénitence pour les pleureurs ; on va jouer à colin-maillard : Léontine et Giselle le seront. Vite, des mouchoirs, et à genoux pour qu’on vous bande les yeux. »

Léontine obéit après un dernier baiser déposé sur une dernière larme qui coulait sur la joue de Giselle ; on leur banda les yeux, et le jeu commença. Noémi emmena Georges et Isabelle, qui ne pouvaient plus se tenir sur leurs petites jambes ; elle les remit à leur bonne. À peine furent-ils couchés, qu’ils s’endormirent profondément, pour ne s’éveiller que le lendemain à dix heures. Ils avaient dormi treize heures. La soirée continua gaie et bruyante.

Giselle revenait souvent près de sa mère, pour l’embrasser, pour lui dire un mot de tendresse, vraie, cette fois. Léontine éprouvait un bonheur qui se reflétait sur son visage, ordinairement