Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/228

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mais il me semble que je n’ai pas pour vous le respect que j’ai pour ma tante. »

M. de Gerville ne répliqua rien ; sa conscience lui faisait très bien comprendre ce que Giselle ne pouvait lui expliquer. Il avait perdu l’estime de sa fille ; elle l’aimait comme on aime quelqu’un de dévoué, de complaisant, qui se rend utile, mais auquel on ne pense pas quand on n’en a pas besoin.

Léontine n’avait rien dit ; son cœur lui faisait tout comprendre. Elle sentait ses torts, elle les déplorait, et la force lui manquait pour se réformer. Elle était un peu jalouse de l’influence de sa tante sur Giselle ; et pourtant sa raison lui faisait comprendre que si elle avait eu la même franchise, la même fermeté, sa fille l’aurait aimée et respectée comme Mme de Monclair.

Giselle examinait son père et sa mère ; quand elle vit des larmes dans les yeux de sa mère, elle alla près d’elle, l’embrassa.

« Maman, dit-elle, n’est-il pas temps que je prépare mes leçons pour Mlle Rondet ? elle va venir dans une heure.

léontine.

Oui, ma Giselle ; tu es bien gentille d’y avoir pensé. Au revoir, Victor. Venez nous prendre