Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/319

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donna l’idée de faire des invitations pour les vacances et les deux ou trois mois d’automne et de chasse.

Julien avait vingt et un ans, il était riche, il avait perdu ses parents fort jeune ; indépendant, aimable, spirituel et d’un caractère charmant, tout le monde le voyait avec plaisir faire partie de l’intimité du château de Gerville. Il aimait l’occupation et il passait une grande partie de sa matinée et de l’après-midi à préparer un dernier examen de droit qu’il devait passer à la fin de l’automne et après lequel il devait entrer au conseil d’État.

Julien s’intéressait à Giselle ; témoin des gâteries dont souffraient le caractère et le cœur de cette jeune fille, il croyait pouvoir triompher de cette mauvaise éducation et rendre bonne une nature qui aurait pu le devenir, mais sur laquelle il s’abusait, au point où elle en était arrivée. Il était pourtant réellement parvenu, au bout d’un mois, à acquérir de l’influence sur Giselle ; elle se contraignait en sa présence ; elle réprimait devant lui la violence de son caractère et ses impertinences envers son père, sa mère et ses tantes.

Blanche était ravie des progrès de sa nièce qu’elle ne voyait guère qu’au salon et à la promenade. Léontine cachait soigneusement à ses